Avec un peu plus de 8 millions de pratiquants à travers tout le monde, le judo par définition est le troisième art martial le plus pratiqué. Sa discipline mentale et physique fait d’elle un sport de choix classé au rang des plus illustres. Zoom sur cet art ancestral japonais.

L’histoire du Judo

Créé en 1882 au Japon par maître Jigorō Kanō, le Judo est le mélange de 2 kanjis « Ju » signifiant souplesse, adaptation et de « do » renvoyant à la voie. Littéralement donc, le judo signifie la voie de la souplesse. Cet art martial dérivé du ju-jitsu traditionnel est développé à base des enseignements anciens Tenshin Shinyo Ryū et Kito Ryū appris par le grand maître dans sa quête de savoir. Animé par le désir de populariser l’art martial japonais en mettant en avant les ressources mentales et physiques, Jigorō Kanō décide de codifier des techniques du ju-jitsu débarrasser de sa vocation guerrière. Il pourra ainsi être plus aisément enseigné sous forme de kata et aller au-delà des frontières nippones.

Maître Jigorō Kanō

Pour matérialiser son ambition, maître Jigorō Kanō ouvre le Kodokan en 1882. Il commence à enseigner sa pédagogie de la souplesse et comme il est de coutume dans les arts martiaux, ses disciples vont affronter ceux d’autres écoles de Ju-jitsu. Peu à peu, il deviendra une discipline sportive qui ira au-delà des frontières pour devenir une discipline olympique en 1972 aux jeux de Munich pour la catégorie masculine et en 1992 à Barcelone pour le genre féminin.

La France jouera un rôle prépondérant dans la vulgarisation de cette discipline avec la création dès les années 1936 du premier club de judo par Moshe Feldenkrais. Par la suite, le maître Mikinosuke Kawaishi secondé par le maître Shozo Awazu s’installe en France et ouvre le premier dojo exclusivement dédié à l’apprentissage et à la pratique du judo. Le livre Ma méthode de Judo est publiée et met en exergue les plus grands préceptes de cette discipline ancestrale. Devant le grand engouement des Français, Paul Bonet-Maury va créer en 1946 la FFJJJ (Fédération Française de Judo et de Ju-jitsu) qui est connue aujourd’hui comme la Fédération française de judo ju-jitsu, kendo et disciplines associées. L’année d’après, en 1947, le Collège des Ceintures Noires voit le jour sous la houlette de Jean de Herdt et des compétitions commencent à être organisées à travers le monde entier.

Le judo est un art martial qui est assujetti à des règles strictes qui peuvent légèrement varier selon la région. Cependant, au sein de la fédération internationale de judo il existe un règlement de compétition qu’il faut respecter lors des combats organisés. Le judo est doté de plusieurs techniques de combat qu’il faut assimiler au fil d’un long apprentissage sanctionné par l’obtention de ceintures catégorisées par les couleurs et les dans.

Kodokan en 1913

Le code moral du judo en France

8 points essentiels sont mis en avant dans le code moral du judo créé en 1985 par Bernard Midan. Ils sont grandement tributaires du Bushido qui dicte la conduite des samouraïs. On a ainsi :

– La politesse, c’est le respect d’autrui ;

– Le courage, c’est faire ce qui est juste ;

– La sincérité, c’est s’exprimer sans déguiser sa pensée ;

– L’honneur, c’est être fidèle à la parole donnée ;

– La modestie, c’est parler de soi-même sans orgueil ;

– Le respect, sans respect aucune confiance ne peut naître ;

– Le contrôle de soi, c’est savoir se taire lorsque monte sa colère ;

– L’amitié, c’est le plus pur et le plus fort des sentiments humains.

Ce sont ces quelques principes qui guident l’enseignement du judo comme art martial axé sur la force mentale, spirituelle et physique. Il n’est pas question de faire du mal à son adversaire, mais de le respecter en toute circonstance de même qu’il vous respectera.

Les différentes techniques utilisées dans le judo

Au cours d’un combat de judo, plusieurs techniques sont autorisées par la fédération internationale. Elles sont issues du ju-jitsu et du judo. Elles peuvent également comporter des sous-groupes. On les différencie de la manière suivante :

Les nage waza ou techniques de projection dans le but de déséquilibrer l’adversaire

Le groupe des techniques debout appelé tachi waza va compter en son sein :

– Les ashi waza ou techniques de jambes ;

– te waza ou techniques de bras (épaule) ;

– koshi waza, techniques de hanches ;

– Les techniques de sacrifice dans l’axe ou ma sutemi waza qui compte le Tomoe nage ;

– les yoko sutemi waza ou techniques de sacrifice sur le côté ;

– Les techniques d’enroulement ou makikomi waza.

Les techniques de contrôle qui vise à dominer l’adversaire, katame waza     

Dans le katame waza on retrouvera toutes les variantes qui permettent de maintenir l’adversaire sous contrôle même si toutes ne sont pas toujours autorisées en compétition.

– Les ne waza ou techniques pratiquées au sol ;

– Le osae komi waza ou technique d’immobilisation qui consiste à retenir son adversaire au sol les deux épaules et le dos au sol ;

– Les techniques d’étranglement ou shime-waza qui obligent l’adversaire à abandonner. Ça peut être un sankaku-jime qui agit sur la circulation sanguine du cou ou encore un hadaka-jime qui bloque la respiration ;

– Les kansetsu waza ou techniques de luxation portées sur le coude uniquement ;

Les katas 

Les katas sont plus une forme d’exhibition très difficile à exercer. Ils requièrent donc un maximum de concentration et d’entraînement afin de les maîtriser. On retrouve ici :

– les geri ou coups de pied ;

– les coups de poing encore appelés tsuki ;

– les shuto qui sont des coups du tranchant de la main.

Le déroulement d’un combat de judo

Le judo comme compétition sportive se déroule en 3 étapes : le rituel avant le combat, le combat et le rituel après le combat. Il faut noter qu’on ne peut participer à une compétition qu’en étant dans la même catégorie (en fonction du poids).

Le rituel avant le combat

Les deux participants entrent dans le tatami qui est la surface réservée au combat. Ils saluent une première fois vers le tapis de combat en montant dessus. Ils rentrent en passant derrière les juges de coin qui vont seconder l’arbitre principal. Une fois positionnés sur le tatami derrière la zone rouge appelée zone de danger, ils attendent le signal de l’arbitre qui leur fera signe de se rapprocher au centre du tapis, ils saluent une nouvelle fois. Et une fois placés à distance de combat, ils se saluent mutuellement en inclinant la tête vers l’avant comme un signe de respect. Ils avancent le pied gauche vers l’avant et attendent le début du combat.

Two Boys Training Judo Fight

Déroulement du combat

Le but du combat est d’avoir l’ascendant sur son adversaire en utilisant les techniques que nous avons citées plus haut. Le nec plus ultra serait d’occasionner un abandon de la part de l’adversaire en utilisant un sankaku-jime, un hadaka-jime ou un kansetsu waza. À l’issue de combat sans abandon, il reviendra aux différentes juges de départager les combattants en se basant sur la qualité des techniques utilisées. On distingue alors un système de comptage réparti comme suit :

– le kinza qui est uniquement pris en compte en cas d’égalité à la fin du combat. Il n’est pour ce faire pas comptabilisé ni annoncé en cours de combat. Il fait suit à une attaque franche qui donne lieu ou non à une chute sur le ventre ou les genoux ;

– le yuko qui compte 5 points. La chute parfaite correspond à un ippon, donc on comptabilise le yuko lorsqu’une chute est effectuée avec deux des quatre éléments d’un ippon. On considère une chute latérale, une chute sur les fesses avec un impact sur le bas du dos ;

– le waza-ari correspond à trois des quatre éléments d’un ippon. Il est comptabilisé 7 points. Il survient à la suite d’une chute violente sur l’épaule, sur le dos en l’absence de force et d’une vitesse de projection suffisantes. Il peut aussi être noté dans le cas où l’adversaire tombe sur les fesses ou le bas du dos avec un contact immédiat des épaules sur le tatami ;

– Le ippon noté 10 points survient à la suite d’une projection contrôlée avec vitesse et force sur le dos.

Ippon

En cas d’immobilisation de l’adversaire au sol, l’avantage est donné à l’autre combattant suivant le principe suivant : les épaules de l’adversaire doivent toucher le tapis et le contrôle doit se faire le buste tourné vers le tatami. L’arbitre va donc annoncer en tendant le bras et le pied vers les combattants Osae komi, ce qui déclenchera la mise en marche du chronomètre. Le combattant plaqué au sol doit tout faire pour se sortir de l’immobilisation avant 25 secondes qui entraîneront un ippon et l’arrêt du combat pour victoire.

Il n’est plus immobilisé lorsqu’il réussit à sortir complètement de la prise en se plaçant sur le ventre avec les deux épaules tournées vers le tapis, soit en retournant littéralement la situation contre son adversaire, ou alors en avortant le contrôle de la prise en plaçant ses jambes autour du buste ou de la jambe de l’adversaire. Le chronomètre est alors arrêté par le cri de l’arbitre qui dit Toketa en agitant le bras vers les combattants. Il criera par la suite matte s’il constate qu’il n’y a plus de techniques intéressantes au sol et le combat s’arrête avant de reprendre debout ou pour déclarer la victoire d’un des combattants.

Le comptage des secondes affichées par le chronomètre se fait de cette façon :

– Entre 15 et moins de 20 secondes : un Yuko ;

– Entre 20 secondes et moins de 25 secondes : Waza -ari ;

– A partir de 25 secondes on a un Ippon qui met fin au combat.

Le déroulement d’un combat de judo est également influencé par les différentes pénalités qui peuvent mettre fin à un combat de façon prématurée. On aura selon les cas :

– Un premier avertissement gratuit pour toutes les fautes ;

– Un Yuko donné à l’adversaire en cas de deuxième faute ;

– La troisième faute donne lieu à un Waza -ari ;

– En cas de quatrième faute, la victoire est attribuée à l’autre combattant.

Le hansoku make qui survient à la suite de 4 shido conduit à l’élimination du combat ou de la compétition en fonction de la gravité de la faute. Si la faute est grave et volontaire, le combattant se voit tout simplement retiré de la compétition, mais si cette dernière est involontaire, il subit une sanction le disqualifiant du combat uniquement.

A noter que les shido (pénalités) s’obtiennent à la suite d’une passivité du combattant qui refuse d’aller au combat, d’une attitude excessivement défensive, d’une fausse attaque et des gestes interdits.

Le rituel après le combat  

Après que le combat soit arrêté par l’arbitre qui va déclarer le judoka vainqueur en avançant un pas vers lui et en levant sa main, les deux combattants sortent de la zone de combat en effectuant le parcours inverse du début. Ils se saluent et en ce moment peuvent même se serrer la main. Pour finir, ils quittent la zone de combat et saluent le tatami avant de se retirer.

L’équipement du judoka

Le judo se pratique sur un tatami de 64 mètres carrés ou 100 mètres carrés au maximum. Ce tapis raide va permettre d’amortir les chutes des combattants. Vulgairement appelé kimono pour faire référence aux tenues traditionnelles asiatiques, le costume de combat d’un judoka s’appelle judogi ou kimono de judo. Il est blanc ou bleu en fonction du combattant. Il est porté directement sur le torse nu d’un homme avec un pantalon assorti. Pour les femmes, elles mettront un t-shirt blanc à l’intérieur du judogi et porteront également un pantalon assorti. Le judo se pratique les pieds nus.

Le système des ceintures été mis en place afin d’évaluer le niveau d’apprentissage du judoka. De la ceinture blanche à la marron, c’est au maître du dojo de la décerner. Elles sont nommées kyu et vont du 9e kyu au 1er Kyu correspondant à la ceinture marron. C’est à l’issue de compétitions intra-clubs que les élèves vont être jugés en fonction de leur discipline, de leur maîtrise technique et du respect du code moral du judoka.

Après la ceinture marron, on parlera de dan en fonction du niveau de l’apprenant. Elle n’est plus délivrée par le maître du dojo, mais par une commission nationale ou internationale. On distinguera ici des ceintures noires du 1er au 5e dan, du 6e au 8e dan, on aura une ceinture à larges bandes rouges et blanches alternées, une ceinture rouge pour les 9e et 10e dan. Et la ceinture blanche large obtenue par le fondateur du judo à titre posthume. Elle correspond au 12e dan.

Il existe de manières pour obtenir une ceinture noire :

Passer trois unités de valeur en compétition

– Tout d’abord un examen de katas devant un jury régional ou national

– Il faut gagner des points pendant les combats officiels (44 en un tournoi ou en un shiai ou 100 sur plusieurs et 120 pour le troisième et quatrième dan) entre la ceinture marron et noire pour l’obtention du 1er dan ;

– En participant à un stage sur l’organisation et l’arbitrage des compétitions. Un requis d’arbitrage est obligatoire pour les 1er et second dan.

Passer des unités de valeur techniques

Différentes unités de valeur sont proposées au judoka pour l’obtention de chaque dan. Pour le premier dan par exemple on peut citer :

– Les katas ;

– Les techniques debout et au sol ;

– Les exercices d’application du judo ;

– Les techniques de défense prises au ju-jitsu.

Les catégories appliquées lors des compétitions

La mise en place des catégories dans le judo répond à un besoin d’égalité entre les différents combattants. Il est depuis lors arrêté de mettre des judokas ensemble dans des catégories en fonction de leur poids et aussi de leur âge.

– La catégorie élite femmes et hommes comprend : – 60 kg, – 66 kg, — 73 kg, — 81 kg, — 90 kg, — 100 kg, + 100 kg pour les hommes et — 48 kg, — 52 kg, — 57 kg, — 63 kg, — 70 kg, — 78 kg, + 78 kg pour les femmes ;

– la catégorie des juniors comprenant : – 55 kg, — 60 kg, — 66 kg, — 73 kg, — 81 kg, — 90 kg, — 100 kg, + 100 kg pour les hommes et pour les femmes — 44 kg, — 48 kg, — 52 kg, — 57 kg, — 63 kg, — 70 kg, — 78 kg, + 78 kg ;

– Les cadets avec — 46 kg, — 50 kg, — 55 kg, — 60 kg, — 66 kg, — 73 kg, — 81 kg, — 90 kg, + 90 kg pour les garçons et pour les filles – 40 kg, – 44 kg, — 48 kg, — 52 kg, — 57 kg, — 63 kg, — 70 kg, + 70 kg ;

– la catégorie des minimes avec des garçons de — 34 kg, — 38 kg, — 42 kg, — 46 kg, — 50 kg, — 55 kg, — 60 kg, — 66 kg, — 73 kg, + 73 kg et pour les filles de — 36 kg, — 40 kg, — 44 kg, — 48 kg, — 52 kg, — 57 kg, — 63 kg, — 70 kg, + 70 kg ;

– Les benjamins qui englobent des filles de — 32 kg, — 36 kg, — 40 kg, — 44 kg, — 48 kg, — 52 kg, — 57 kg, — 63 kg, + 63 kg et des garçons de — 30 kg, — 34 kg, — 38 kg, — 42 kg, — 46 kg, — 50 kg, — 55 kg, — 60 kg, — 66 kg, + 66 kg.